INFO BAMAKO

Plusieurs mois, beaucoup trop de mois … à observer. Comment amener l’œil et l’inconscient sur la même ligne d’horizon avec le sentiment partagé d’une reconnaissance des lieux de la vie de cette intense fourmilière.
J’en suis toujours à reconstruire et détricoter, ce que nous avons déjà fait, le déjà vu. J’ai pris du retard, je me suis accordé une pause, je prends ma bouffée de chaleur humaine pour repartir enfin et dés qu’un dimanche, jour de mariage arrive, je mets de nouveau le pied à l’étrier.
Récemment, lors d’une visite dans une galerie d’art à Dar Salam, nichée dans une rue de Bamako, j’ai entendu une réflexion « peindre ça doit relaxer, détendre » ou bien « mes enfants, je suis sûr qu’ils peuvent le faire aussi et bien mieux ».
Aujourd’hui, les mains des artistes ont de plus en plus de mal à se faire comprendre. Beaucoup, se lancent dans du n’importe quoi, inondent et étouffent le paysage culturel. Bien sûr, l’art reste une création universelle ou tout à chacun peut s’exprimer. Mais il y a art et art.
L’intense, commode et irréfléchie médiatisation, dévore la substance de l’harmonie. C’est la siècle qui veut cela.
De mon avis strictement personnel, en ce moment, l’art ressemble à un bateau ivre, balloté par des courants et marées forcés de vents endiablés.
Ces derniers mois, se traduisent un peu par un revers, un retour sur le plancher des vaches. Je ne sais plus, je cherche à comprendre, je lis, je regarde, j’observe, j’essaie. Au demeurant, la peinture est la suite d’une captivante passion qui lorsque je prends le pinceau, m’emmène à chaque fois en expédition. A coup sûr, c’est l’exploration, le passage obligé fait de couleurs associées qui ne demandent qu’à trouver leurs places. Une odyssée à chaque instant, à chaque heure et chaque jour.
Après le travail d’une journée passée devant la toile, tout bascule. C’était bien mais en frottant mes brosses et après quelques heures de séchage, l’angoisse revient.
C’est accablant, étrangement les couleurs semblent avoir mutées et modifiées leurs pérennités. Elles se fragilisent, se consument, s’attirent ou se repoussent.
Mon ami, André, peintre académique, Breton éclairé, philosophe et sage qu’il m’arrive de visiter dans son bourg du Faouët où nous y refaisons le monde, m’avait dit il y a quelques années « il doit bien finir par en sortir quelque chose de cette boue ».

J’ai douté d’avoir créé cette boue par mes mélanges de couleurs mais inexorablement m’encourage à comprendre des gris aux reflets multiples et captivants. Aprés quelques années d’auto apprentissage, cela reste dans mon ouvrage. Elle est mon originalité, ma fiction, mon innovation.
Mon ressenti à ce jour, n’est que plus ardent. » L’harmonie de mes empatements lourds et grisés sont le consenti d’un ajustement final de la vibration des couleurs ». Le résultat d’une peinture établie, couchée est singulièrement étrange mais sans aucun doute…extraordinaire. Ces découvertes me guident à ce que je cherche…
Tout cela pour dire, que lorsque je suis à la tâche avec ma palette, je ne me repose pas, je travaille avec toute ma force d’âme. Les journées sont épuisantes mais lorsque les couleurs sont enfin à leurs places, réunies pour toujours, ce métissage vibrant m’apporte enfin le calme et le sentiment d’avoir accompli la mission d’un partage qui sera en partie, accueilli et collectif.
N’oublions pas que toutes les passions cherchent ce qui les nourrit.
Voilà, l’esprit encore plein de contradictions par lequel j’avance avec attachement et force mais surtout avec l’enthousisme que mes meilleures toiles survivront.

I ni sogoma
Difficile de décrire Bamako. Bamako ne se raconte pas, elle se vit !
C’est une ville parsemée, plurielle, rituelle, coutumière et très instinctive avec toutes les petites mains qui y vivent. C’est une ville qui vibre au rythme des appels à la prière.
Bamako, c’est une jungle urbaine.

Les taxis, les sotramas (minibus de couleur verte) et les katakatanis (motos taxi).
C’est plus particulièrement, des odeurs et des couleurs, c’est une ville aux mille contrastes.
C’est la chaleur humaine, bien souvent discrète mais les gens n’hésitent pas à tendre la main pour aider.
C’est aussi les mendiants et toubabou (l’homme blanc) qu’on appelle avec un sourire à la commissure des lèvres. Les enfants font les pitres et tendent la main pour une petite obole.
Lieu fétiche, le fleuve Niger qui est impossible d’ignorer de par sa vivacité.
On ne peut pas ne pas avoir une petite place dans son cœur pour Bamako !!!
Septembre 2016
Le temps a passé si vite…
Déchirement du voile de la vie d’itinérant, le départ pour la grande terre d’Afrique, le Mali.
Une arrivée pelotonnée, chaude et poussiéreuse à Bamako, un soir d’été !
Septembre 2013
Arrivée à Phnom Penh, le pays du sourire, le Cambodge !

Partout……….
…..
….. Ce décor d’Asie.
Oui, j’ai tenté de comprendre !
Ces gens positifs, si uniformément amarrés au sens de la vie retrouvée après la destruction et l’anéantissement de leurs familles, de leurs ames, m’ont amené doucement à ne plus imaginer, ni chercher car je n’étais pas des leurs.
Le temps si doux mais funestement arrogant, livrait ces bleus, ces verts, ces ocres et illuminait ma vie de chaque jour et bien des soirs, le ciel rougeoyant m’interpellait de nouveau sur le sens de mon passage au Cambodge.
Seules les couleurs m’interrogeaient encore et encore.
Aujourd’hui, j’aimerais que mes couleurs deviennent audacieusement plus arbitraires et souveraines dans ce tourbillon lumineux si particulier.
Oserais-je ?
Sousdey Cambodge